16 janv. 2023
Quelques jours après que nous ayons annoncé notre nouvelle identité, on m’a posé quelques bonnes questions à propos de notre nouveau nom : Qu’est-ce qu’« Ensemble » signifie, et « Ensemble » avec qui?
J’ai une réponse toute simple. Nous voulons dire par là que nous travaillons en collaboration avec d’autres personnes et organisations pour améliorer les niveaux de littératie au Canada. Nous nous unissons à:
- nos apprenant.e.s,
- nos bénévoles,
- nos partenaires,
- nos donateur.rice.s,
- nos bailleur.euse.s de fonds
Notre nouveau nom annonce le prochain chapitre ambitieux de notre mission. Nous sommes déterminés à réaffirmer et à renforcer notre engagement envers toutes nos parties prenantes, qui sont au cœur de notre action. Littératie Ensemble décrit qui nous sommes et ce que nous faisons d’une manière claire et simple. Le nom « Collège Frontière » suscitait de la confusion chez les gens qui ne nous connaissaient pas. On nous demandait sans cesse si nous étions un collège et pourquoi nous nous appelions Collège Frontière, si nous n’en étions pas un.
Il y a une explication toute simple à cela. En 1922, Collège Frontière a obtenu le pouvoir de décerner des diplômes pendant quelques temps. On surnommait Collège Frontière l’« Université en salopette », puisque notre mission consistait à offrir un accès à l’éducation à tous et à toutes, et particulièrement aux personnes et aux collectivités qui étaient habituellement négligées par le système d'enseignement régulier.
Alfred Fitzpatrick, à qui l’on attribue la vision derrière cette mission, était de toute évidence en avance sur son temps, un vrai visionnaire. Merci Alfred!
D’accord, mais pourquoi « Frontière »? Encore là, il faut remonter aux débuts de l’organisme, quand nous envoyions des ouvrier.ère.s-enseignant.e.s dans des endroits situés près de ce que l’on appelait à l’époque la « frontière » du pays, et où l’on trouvait des équipes de chemin de fer, des camps de bûcherons et des puits de mine. De jeunes gens, des hommes pour la plupart, quittaient leur ville ou leur village pour se rendre dans ces régions éloignées. Une fois rendus, ils travaillaient avec les ouvriers et enseignait à lire et à écrire à ceux qui aspiraient à un avenir meilleur. D’innombrables immigrant.e.s ukrainien.ne.s, chinois.e.s et italien.ne.s, entre autres origines, ont appris leurs premiers mots d’anglais et de français grâce aux programmes novateurs de littératie que les ouvrier.ère.s-enseignant.e.s offraient dans des salles de classe de fortune aménagées dans des tentes. Tout ça après une longue journée passée à travailler aux côtés de leurs apprenant.e.s.
Nous ne nous lasserons jamais de raconter l’histoire des personnes qui ont bâti notre organisme. Notre fondateur, Alfred Fitzpatrick, n’avait qu’un but dans la vie : que tout le monde ait accès à l’éducation. D’autres personnes dévouées à la cause, comme Margaret Strang, la première ouvrière-enseignante, qui se rendait à cheval auprès de ses apprenant.e.s, ont repris le flambeau. Notre histoire est riche. C’est l’histoire d’un puissant mouvement pour la justice sociale qui a été dirigé par les premier.ère.s champion.ne.s de la littératie de notre pays. Notre mission, qui consiste à offrir un accès à l’éducation à toutes les personnes désireuses d'apprendre, n’a pas changé depuis.
Notre ouverture à tou.te.s a toujours été fondée sur notre désir de justice sociale. À titre d’organisme voué à l’élimination des obstacles à la littératie et à la mobilisation d’un mouvement national de reconnaissance des bienfaits de la littératie, nous avons écouté attentivement notre communauté.
Au cours des dernières années, nous avons compris, au fil de nos conversations avec nos apprenant.e.s, nos bénévoles, notre personnel, nos partenaires et nos bailleur.euse.s de fonds, qu’il fallait nous pencher sur la manière dont nous remplissons notre mission. Nous nous sommes interrogés à propos de notre identité, de nos valeurs et de l’impact des services que nous offrons partout au pays. Nous nous sommes tournés vers notre passé pour définir notre avenir. Pour une organisation qui compte plus d’un siècle d’histoire comme la nôtre, l’exercice n’a pas été facile. Il était toutefois nécessaire, puisque nous souhaitons continuer de servir nos apprenant.e.s aussi équitablement et inclusivement que possible.
Nous avons retroussé nos manches et nous sommes lancés dans un grand examen. Tout y est passé : notre actions, nos partenariats et nos alliances, ainsi que la manière dont nous interagissons avec les populations que nous servons et soutenons, auxquelles nous enseignons et desquelles nous apprenons. Ce travail en aura valu la peine, et nous nous réjouissons à l’idée de continuer d’apprendre, de réfléchir et de nous améliorer. À la suite de cette réflexion, nous avons décidé de prendre des mesures pour devenir de meilleurs allié.e.s et de tirer parti de notre tribune et de nos capacités pour y parvenir.
Mais de quelles mesures parlons-nous au juste ? Compte tenu de la longue histoire de Littératie Ensemble et du fait que nous travaillons avec plus de 150 communautés autochtones chaque année, il faut d’abord reconnaître le rôle que Littératie Ensemble a joué dans la promotion des systèmes d’éducation non autochtones et par le fait même dans la colonisation des peuples et des communautés autochtones du Canada. Nous sommes une organisation axée sur l’éducation, et nous voulons donc réitérer notre engagement envers l’apprentissage en tenant compte de notre histoire commune. Nous irons de l’avant dans un esprit de changement, d’apprentissage et de réconciliation.
Nous adoptons donc la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones comme plan pour la réconciliation. La Déclaration comprend notamment les principes suivants :
Littératie Ensemble répond également aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Il nous reste beaucoup à faire à ce niveau. Nous venons à peine de commencer. Nous avons l’immense privilège de pouvoir compter sur des partenaires généreux qui nous apprennent sans cesse de nouvelles choses. Nous avons commencé à passer en revue les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada et à déterminer les points sur lesquels nous devons nous concentrer.
Nous devons reconnaître le rôle que la littératie joue dans la création de collectivités et de sociétés justes et équitables, puisque celle-ci a une incidence sur tous les aspects de notre vie, que ce soit l’accès à un logement, la santé ou la participation à la vie civique. En plus de poursuivre nos activités habituelles, nous invitons nos apprenants, bénévoles, partenaires, donateurs, toute la population canadienne en fait, à faire comme nous, c’est-à-dire continuer d’écouter, apprendre à être de bons alliés et s’informer à propos de la vérité et de la réconciliation. Pour ce faire, nous continuerons d’examiner et de remettre en question nos idées préconçues, d’échanger et d’apprendre avec nos partenaires des Premières Nations, Métis et Inuit.
Nous avons également mis sur pied un comité pour la justice, l’équité, la diversité et l’inclusion (JEDI) dont les membres viennent de partout au pays et s’efforcent d’accroître notre capacité à promouvoir la justice, l’équité, la diversité et l’inclusion. Il s’agit d’un élément fondamental de notre stratégie pour réduire les obstacles à l’éducation universelle. Nous sommes en train de mettre la dernière main à à notre plan d’action pour la justice, l’équité, la diversité et l’inclusion pour les trois prochaines années. Nos principes directeurs reposent sur notre respect pour la dignité, les droits et la pleine participation de toutes les personnes qui reçoivent nos services ou qui travaillent au sein de notre organisme ou qui reçoivent nos service, nos employé.e.s comme nos bénévoles, ainsi que de nos partenaires et bailleur.euse.s de fonds.Nous présenterons ce plan à toutes nos parties prenantes puisqu’elles jouent un rôle crucial dans l’accomplissement de notre mission.
En outre, nous recueillons des renseignements pertinents auprès des personnes auxquelles nous offrons nos services et auprès de nos partenaires afin d’avoir une idée plus précise des besoins des communautés avec qui nous travaillons. Nous réfléchissons aux changements que nous devons et pouvons apporter à nos programmes afin de répondre le mieux possible aux besoins de nos apprenant.e.s. Encore une fois, ce n'est qu’un début. Il s’agit d’un travail essentiel de longue haleine.
Nous poursuivons notre rêve en revêtant une nouvelle identité. Nous sommes désormais Littératie Ensemble.
Nous sommes mus par le désir d’être à la hauteur des attentes de nos apprenant.e.s, qui choisissent de de travailler fort tous les jours afin d’améliorer leurs compétences en lecture et en écriture, et d’atteindre leurs objectifs. Ce rêve est que tous les individus aient des chances équitables, puissent facilement trouver leur place dans le monde d’aujourd’hui et contribuent à améliorer la justice sociale et la prospérité pour les générations actuelles et futures.
Littératie Ensemble évoque bien sûr l’unité, mais notre nouveau nom évoque également nos assises solides, c’est-à-dire les liens forts que nous entretenons avec nos apprenant.e.s, nos bénévoles, nos partenaires, nos donateur.rice.s et nos communautés. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que nous continuerons, ensemble, de créer des lieux d’apprentissage partout au pays dans ce nouveau chapitre de notre histoire.
Mais nous n’y parviendrons pas sans aide. Nous continuerons de mobiliser des bénévoles, des partenaires et des communautés afin de nous assurer que tout le monde au Canada ait les compétences et la confiance en soi nécessaires pour apprendre et atteindre ses objectifs grâce à la littératie.
Que vous nous appuyiez depuis des années ou que vous veniez de nous découvrir, j’espère que vous vous joindrez à nous dans cette aventure et continuerez de nous aider à changer les choses. Je vous invite à vous unir à nous et à adopter notre vision de l’avenir. Nous nous réjouissons à l’idée d’apprendre et de continuer à nous améliorer en tant qu’organisation, avec vous à nos côtés.
— Mel Valcin
Présidente et directrice générale de Littératie Ensemble
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