Les débuts de l'organisme à Québec : une leçon de persévérance
28 nov. 2022
La gestionnaire de programme Joëlle Marion s'est récemment entretenue avec Sylvie Fortin, notre première bénévole dans la ville de Québec avec le programme « Étudiantes et étudiants alphabétiseurs ».
Sylvie a commencé un baccalauréat en Éducation préscolaire et primaire à l'Université de Laval en 1994. C’est pendant sa 2ème année d’études que son attention se porte sur une une affiche de ce qui était alors connu sous le nom de Frontier College/Collège Frontière à Toronto. Elle le compose pour faire part de son intérêt, et reçoit plus tard par la poste un sac de toile avec du matériel de promotion de base, tels que des affiches et des dépliants.
C’est ainsi que débute l’aventure ! Avec ce matériel, elle recrute 4 ou 5 personnes supplémentaires. Au début, il s’agit surtout de personnes qui viennent du milieu de l’éducation. Cette première équipe commence alors à recruter des apprenant.e.s par le biais des Tentes de lecture et opère sur l’actuelle rue St-Joseph (dans le mail couvert à l’époque), un endroit connu pour être fréquenté par plusieurs personnes démunies ou en situation d’itinérance. C’est donc une clientèle qui a des besoins ponctuels, le plus souvent sans projet de vie et qui ne reste pas longtemps. Le petit noyau de bénévoles organise aussi des Tentes de lecture au Festival d’été et dans les bibliothèques en récoltant des livres usagés pour les redistribuer gratuitement. Certaines des personnes rencontrées lors de ces activités deviennent aussi des bénévoles.
Le premier partenariat est établi avec le Centre Louis-Jolliet, un centre d’éducation pour adultes, qui leur réfère des apprenant.e.s qui se présentent plus régulièrement et se montrent plus engagé.e.s vis-à-vis de leur projet d’apprentissage. Mais par la suite, cela n’a pas toujours été facile avec les apprenant.e.s. Plusieurs d’entre eux/elles avaient de la difficulté à se motiver, s’absentaient ou abandonnaient, ce qui décourageait parfois les étudiant.e.s bénévoles ! Pour rester dans le programme, il fallait des personnes motivées et convaincues du bienfait de la mission que Collège Frontière s’était donné. Après quelque temps, l’association a fini par rassembler un groupe de personnes venant d’horizons différents, ce qui a créé une belle richesse au sein du groupe d'apprenant.e.s et de tuteur.trice.s.
Crédibilité et longévité
Un des grands moments dont Sylvie Fortin se rappelle, c'est le travail de longue haleine que l’écriture de la charte a nécessité pour obtenir le statut d’association étudiante parascolaire à l’Université Laval, et obtenir un local dédié. Ce fut une grande réussite ! L’équipe de bénévoles avait maintenant un endroit pour faire ses réunions, entreposer son matériel et donner rendez-vous aux nouveaux bénévoles. Cela leur a permis de gagner en crédibilité, en reconnaissance et de pouvoir davantage développer leurs activités.
À la fin de ses études, les choses ont rapidement évolué pour Sylvie du point de vue professionnel et elle a fini par perdre contact avec l’équipe, qui a continué le travail sans elle. Elle s’était beaucoup investie durant ses études, n’avait pas compté ses heures, et avait donc ressenti une certaine culpabilité de devoir partir si soudainement. Malgré tout, c’est bien grâce à son initiative que les activités de Littératie Ensemble à l’Université Laval et dans la ville de Québec ont pu voir le jour et perdurer !
Que le monde est petit !
Il y a quelques années, Sylvie a fait la rencontre de Mylène Moisan, chroniqueuse au journal Le Soleil et également ancienne bénévole de Collège Frontière. Mylène était la maman d’un élève que Sylvie avait en classe. Elles se sont manquées de peu en tant que bénévoles.
Aujourd’hui, c’est l’enfant de Mylène Bussières, coordonnatrice communautaire de Littératie Ensemble à Québec, qui est dans la classe de Sylvie. Lors d’une série d’ateliers sur les organismes communautaires, Mylène est allée parler de son travail dans la classe de son enfant. Sylvie lui a montré un article de journal (qu'elle avait conservé et laminé) datant du tout début des activités de l'organisme à Québec.
À la fin de notre entrevue, Sylvie a conclu en disant que cette histoire est une leçon de persévérance. Toute initiative, aussi petite soit-elle, peut avoir de grandes retombées!